Le Capitalisme à l'agonie by Paul Jorion

Le Capitalisme à l'agonie by Paul Jorion

Auteur:Paul Jorion [Jorion, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: essai, économie
ISBN: 9782213664651
Google: 6EJDfbKyQIcC
Éditeur: Fayard
Publié: 2011-03-15T23:00:00+00:00


Et Rueff d’ajouter de manière imagée :

« S’il existait entre mon tailleur et moi un accord tel que tout l’argent que je lui verse me revient le jour même comme un prêt qu’il m’accorde, je n’aurais jamais aucune objection à lui acheter davantage de complets » (Rueff & Hirsch 1965 : 3 ; cité dans Costabile 2010 : 8-9).

Une nation dont la devise a le statut de monnaie de référence en l’absence d’une parité avec l’or, comme c’est le cas des États-Unis depuis 1971, dispose donc du privilège exorbitant de pouvoir créer à volonté de la monnaie pour régler ses dettes extérieures. Elle est, de fait, en possession d’une machine à créer de l’argent. À ceci près que – comme nous l’avons déjà noté – le système finit par se dérégler si cet argent supplémentaire ne trouve pas de contrepartie dans une richesse effectivement créée. Si le dollar a pu obtenir en 1944 le statut de monnaie de référence, c’est parce que l’État américain était à même, en raison de sa richesse, de garantir la convertibilité du dollar en or. La chose était possible dans la mesure où les dollars en circulation à l’extérieur des États-Unis ne représentaient pas un montant démesuré par rapport à ceux circulant à l’intérieur du pays. Mais lorsque la parité a cessé d’exister et que les États-Unis ont simplement entendu tirer parti de la machine à faire de l’argent qu’ils avaient à leur disposition, seul le fiat – à savoir la confiance dans leur capacité de pouvoir le faire que leur accordent les nations utilisant le dollar comme monnaie de réserve – peut en décider ou non. C’est ce que M. Bernanke, président de la Fed, fit en 2009 à hauteur de 1 750 milliards de dollars, et c’est ce qu’il s’apprête à faire encore pour un nouveau millier de milliards de dollars à l’heure où j’écris ces lignes (décembre 2010). La question qui se pose, de mon point de vue, dans l’après- « après-Bretton Woods », est de savoir si la devise américaine vaut encore ce que suppose M. Bernanke au nom des États-Unis, ou plutôt ce que le reste du monde en décide.

Autrement dit, la question pratique qui se pose, pour une monnaie de référence, est de savoir de combien peuvent s’écarter les deux branches du dilemme de Triffin : être la mesure de la richesse du pays qui l’émet, et être celle d’une partie de la richesse créée en d’autres pays. La difficulté intrinsèque attachée à ce « combien » est qu’on ne pourra en découvrir le chiffrage qu’a posteriori : après que le système entier se sera effondré. Le capitalisme trouve là aussi une de ses limites. Seule la mise en place d’une monnaie internationale distincte des monnaies nationales peut prévenir une telle catastrophe. Si la monnaie internationale prend la forme du bancor proposé par Keynes, la question se simplifie d’ailleurs radicalement, puisque l’existence d’une chambre de compensation multilatérale pour régler les échanges entre nations supprime toute nécessité, pour un pays, de constituer des réserves en une autre devise que la sienne.



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